J'ai appris à écrire à 32 ans

"Je ne peux pas retenir les mots, je pensais ne jamais réussir à écrire de ma vie". Marco avait abandonné tout espoir de savoir écrire à cause d'une dyslexie sévère jusqu'à l'âge de 32 ans. Choisissant un méier où l'on l'on n'écrit pas, developpant des stratégies pour masquer son handicap.

(L'Illustré, no5/2013)

Il avait été diagnostiqué dans l'enfance, et ni les nombeux spécialistes consultés ni le coatching scolaire intense de sa mère n'ont réussi à lui maintenir la tête hors de l'eau. "Je passais grâce aux maths ! La lecture était un peu moins catastrophique, mais j'ai finalement bâché en 6ème primaire, complètement démotivé. Je me suis dit que j'allais devoir me débrouiller sans le français".

L'adolescent voit s'envoler ses rêves de devenir grand reporter ou archéologue. Pourtant, malgré cette confrontation douloureuse avec ses limites, il assure n'avoir jamais eu honte de lui. "Je me suis toujours fait confiance, me disant que je trouverais mon chemin. Et puis, j'étais bricoleur, champion de judo et d'équitation. Ca compensait." Il choisit de devenir maréchal-ferrant, où l'écrit est réduit à la portion congrue : les factures sont rédigées à l'avance, sa fiduciaire s'occupe de sa correspondance et les copains qui sont partis aux études sont toujours là pour lui donner un coup de main.

Il est contraint de changer d'orientation professionnelle à cause de douleurs récurrentes à un poignet et à une épaule. Il devient veilleur dans une association d'aide aux personnes en détresse, la Tuile. Le boss, voyant ses difficultés et son désir de progresser, lui fait comprendre qu'il doit passer par la classe alphabétisation pour devenir éducateur social en cours d'emploi. Marco s'inscrit à l'Association Lire et écrire d'emploi, seul Suisse. Les progrès sont très rapide, il apprend plus en 3 mois qu'en 6 ans d'école. Il est admis au Centre ORIPH, et veux garder son ordinateur. "J'ai dû me battre pour le garder durant les cours et les examens. J'écris comme on bricole. Je pose les mots comme ça vient, ensuite je les change de place pour modifier les tournures de phrases et vérifier que ça veut bien dire ce que j'ai envie de dire. Puis je contrôle l'orthographe grâce au correcteur, et enfin je relis le tout pour la grammaire et les accords". "Je ne m'en suis pas remis, je me suis mis à écrire !". Et même s'il a raté l'examen de français de première année, il a brillamment réussi tous les autres.

Aujourd'hui passionné d'actualités il dévore Le Monde tous les jours et souhaiterait allonger la liste des cinq livres déjà lus dans sa vie. "On peut s'améliorer à tout âge. Il suffit d'un peu d'obstination et de confiance en soi".

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